BOOTLEGGERS: Southern Roads (2017)

Le nouvel élixir de jouvence, pas celui de l'abbé Soury, celui des Bootleggers « Southern Roads » est arrivé, regorgeant d'un « Blues Rock/Southern Country Rock » remarquablement produit dans le giron de leur « Heart Of Dixie » datant de 2012, avec néanmoins comme en 2012 une place prépondérante aux reprises, mais des reprises toujours de bon goût au nombre de neuf comme sur le précédent album. Par contre du changement dans le line-up, exit le guitariste emblématique des Bootleggers Fred Bordeneuve ainsi que le bassiste Polo Lugan remplacés par Xavier Dominguez (guitare) et François Gauthier (basse). Ce « Southern Roads » fait surtout la place à une pléiade d'invités de choix avec comme d’hab’ le patriarche Didier Céré au chant principal aux commandes de l'alambic d’où d'éclatants solos de guitare coulent à flots, comme d'entrée de jeu en ouverture sur l'acéré « Sometimes You Run » composé par le Texan Van Wilks, issu de son album « Koko's Hideaway » datant de 1999 où, en hôte, Van Wilks participe ardemment avec sa guitare ainsi qu'un autre guitariste texan le solide Neal Black sur ce vivace Southern Boogie très ZZ Topien, porté par la voix de Didier Céré. En second, la reprise de « Short Change Hero » du groupe de rock indépendant anglais The Heavy illuminée par la guitare du génial guitariste de Point Blank Rusty Burns trop tôt disparu. En trois, une petite douceur langoureuse de toute beauté sous forme de « Slow Gospel Countrysant » « Sending Me Angels » de la patte de Delbert Mc Clinton, avec le roi de la pedal steel Jean Yves Lozack, puis place à du plus bluesy sur « 10 Million Slaves » d'Otis Taylor. Un grand moment d'authenticité « Country Blues » sur le « Negro Prison Blues » de l'ethnomusicologue Alan Lomax : les Bootleggers font bien passer l'émotion. En fermant les yeux, on voyage dans le film des frères Coen O'Brothers en cassant des cailloux en cadence. Pour souffler, rien de tel que le traditionnel « John The Revelators » repris par une ribambelle de groupes. Entre autres, la bonne version du Texan Jay Boy Adams sur son album « The Shoes Box » de 2006 sort du lot, celle des Bootleggers n'est pas mal non plus, assez reptilienne avec le souffle de l'harmonica de Nico Wayne Toussaint qui récidive sur le sautillant « Blues Rock Boogie » « Hangman Tree » de Neal Black, ainsi que sur le tube planétaire « Spirit In The Sky » de Norman Greenbaum où les Bootleggers envoient ce boogie en maîtres, entre les Canned Heat et ZZ Top, aussi bien que la version des Kentucky Headhunters. Pour clore l'affaire, nos distillateurs s'emparent du groove trépidant des Kentucky Headhunters pour habiller la version « Man of Constant Sorrow », vieille chanson country de Dirk Burnett, elle aussi dans la bande-son du film O'Brothers. En écoutant et réécoutant ce « Southern Roads », je me dis qu'on cherche parfois bien loin de ce qu'on l'on a tout près.

Jacques Dersigny